50 ans de migration marocaine en Allemagne, un parcours fait par des marocain(e)s, qui ont choisi de s’établir ailleurs, un départ suivi de beaucoup de retours au pays d’origine pour apporter leur soutien, compétence et expertise. Parmi ces marocain(e)s qui « bâtissent les ponts » entre l’Allemagne et le Maroc, Soraya Moket, présidente du réseau de compétences germano-marocain (DMK).
Née à kénitra, après son baccalauréat, elle a opté pour l’Allemagne pour ses études supérieures et pour s’y installer par la suite. Elle s’est intéressée aux problématiques liées à la migration, ainsi elle était membre du Conseil consultatif des étrangers de la ville de Trèves. Depuis, la migration est devenue son domaine de prédilection.
Rencontre avec Soraya Moket, présidente du Réseau de compétences germano-marocain (DMK)
La Fondation : Quel est le parcours de Soraya Moket ?
Soraya Moket : après avoir eu mon baccalauréat au Maroc, je suis partie en Allemagne pour faire des études de médecine, mais ceci n’était pas possible car l’année préparatoire que j’ai faite une fois sur place ne m’a pas permis d’accéder à des études de médecine, j’ai donc changé de parcours et j’ai opté pour des études de sociologie à l’université de Trèves, où j’ai obtenu un diplôme d’ études supérieures en relations internationales dans les pays en voie de développement puis un doctorat en sociologie. Par la suite, j’ai travaillé en tant que maître de conférences à l’université de Trèves, puis au Luxembourg avec ASTM (Action solidarité tiers-monde), qui est financée par le ministère des affaires étrangères. Actuellement, je travaille dans le domaine de l’intégration. En 2009, j’ai été vice -présidente du réseau des compétences germano-marocain DMK puis la présidente en 2011.
La Fondation : Qu’est ce que le DMK ?
Soraya Moket : L’idée de la création du DMK est venue de notre besoin de maintenir le lien avec le Maroc et de proposer des actions en faveur du développement du pays. En 2007, nous avons créé un réseau, mais ce n’était pas suffisant, nous avons donc opté pour l’association à but non lucratif en 2009. Nos objectifs sont : le transfert du savoir faire, la médiation et le renforcement de la coopération bilatérale germano-marocaine, l’appui aux programmes d’intégration en Allemagne et au développement durable et l’encouragement du dialogue entre les cultures et les religions.
La Fondation : Quels sont les projets réalisés par le DMK ?
Soraya Moket : Le premier était l’université de d’automne à Fès en 2009 et qui avait pour but la mobilisation des compétences marocaines en Allemagne et à partir de ce projet réalisé, on a pu signer des conventions avec des universités marocaines comme l’université Cadi Ayyad, l’instauration d’un centre de dialyse à Feguig. Ainsi que d’autres projets en collaboration avec les institutions allemandes comme notre projet de caravane et avec l’université Cadi Ayyad dans le domaine de la biologie. Nous avons aussi fourni une bibliothèque mobile et un bus dans la région de Zagoura…
La Fondation : Quels sont les projets à venir ?
Soraya Moket : Les événements liés au cinquantenaire de la migration marocaine en Allemagne, il y aura beaucoup d’activités comme les tables rondes, les concerts, une semaine de films marocains, les soirées de poésie et de littérature, les contes pour enfants… Nous avons également un projet où les deux ministères du transport allemand et marocain collaboreront pour la sécurité routière. Dans ce cadre, le DMK a fait son rôle de médiateur et il a sollicité le ministère allemand pour une collaboration, ce dernier a été partant. Je citerai également un autre projet dans le domaine des énergies renouvelables, des membres de DMK vont venir au Maroc pour donner des cours pour certains modules qui manquent d’experts. Nous avons repéré ce manque avec les universités concernées, nos experts vont porter leur expérience dans ces domaines, ceci se fera pour les universités de Nador, Meknès, Rabat et Marrakech. En médecine, notre action concerne l’encadrement des futurs médecins qui veulent poursuivre leur parcours en Allemagne. Dans le pays d’accueil, nous nous occupons d’un autre projet avec le ministère fédéral de la famille en Allemagne pour encadrer les familles marocaines pour le bon déroulement de la scolarité de leurs enfants, à travers des séminaires où ces familles trouvent des professionnels pour les assister afin de résoudre les différents problèmes vécus notamment la langue à utiliser avec les enfants : l’allemand, l’arabe ou l’amazigh… les difficultés liées à l’adolescence, la relation avec les médias entre choisir les chaînes marocaines ou allemandes et la manière la plus saine de conseiller les enfants.
La Fondation : Quel est le statut de la femme marocaine en Allemagne actuellement ?
Soraya Moket : La femme de la première génération vit un isolement, après le départ des enfants, elle s’est retrouvée seule. Cependant et contrairement à ce que l’on croit, beaucoup continuent à travailler, nous avons découvert des femmes qui sont venues en Allemagne par des contrats de travail dans les années soixante-dix, et qui sont toujours actives. Actuellement, les jeunes femmes manifestent plus d’intérêt pour leur avenir en comparaison avec les hommes, ceci est dû certainement à l’éducation, la fille fait de son mieux pour acquérir son indépendance et sa liberté en réussissant professionnellement. Le mariage à un âge précoce commence à diminuer et c’est la réussite professionnelle qui devient la plus importante.