Samira Fafi Kremer est virologue, médecin et professeur des universités praticienne en France.
Rencontre
FH2MRE : Qui est Samira Fafi Kremer et quel est votre parcours ?
Samira Fafi-Kremer : Je suis née à Meknès, cadette d’une fratrie de 3 filles, mes parents Fafi Elhabib et Azizi Khadija, tous les deux originaires de Figuig, habitent toujours à Meknès. Mes parents nous ont toujours encouragés à faire des études supérieures. Je suis partie à Grenoble en France en 1990 pour étudier la pharmacie et j’ai obtenu mon Doctorat d’état de Pharmacie et mon Diplôme d’Études Spécialisées en Pharmacie Spécialisée Recherche et en Biologie Médicale en 2001. En parallèle, j’ai entamé des études scientifiques et obtenu mon Doctorat (PhD) à l’Université de Grenoble en 2005. J’ai ensuite rejoint l’Institut de Virologie de Strasbourg pour devenir Maitre de Conférences-Praticien Hospitalier en Virologie en 2007. Je suis actuellement Professeur des Universités-Praticien Hospitalier (PU-PH) Classe Exceptionnelle et je dirige également l’Institut de Virologie des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg.
FH2MRE :Pourquoi avez-vous choisi le domaine de la biologie?
Samira Fafi-Kremer : Depuis toute jeune, j’ai toujours aimé la biologie, j’aimais aussi déchiffrer les compositions des médicaments. Mon intérêt pour la microbiologie est arrivé plus tard lors d’un stage de spécialité où j’ai découvert la virologie médicale et la recherche appliquée. Je suis devenue passionnée par un virus « Epstein-Barr virus » et sa maladie « la mononucléose infectieuse » et j’en ai fait mon sujet de doctorat d’Université. Depuis ce jour-là, je n’ai pas cessé de découvrir le monde des virus. En somme, être virologue hospitalo-universitaire est un métier passionnant.
FH2MRE : Comment étaient vos premières années à l’étranger ? Et comment ont-elles impacté votre parcours ?
Samira Fafi-Kremer : Les 3 premières années en France étaient très difficiles, partir seule à l’étranger et se retrouver du jour au lendemain à chercher son logement, gérer son quotidien et préparer le concours n’était pas aussi simple que je le croyais. La nostalgie de la famille et du pays pesait énormément, on s’écrivait beaucoup avec ma famille et surtout avec mes 2 sœurs Houyam et Laïla, leurs encouragements et leur soutien étaient et sont toujours très précieux. Néanmoins, cette épreuve de se retrouver seule à l’étranger m’a rendue plus forte.
FH2MRE : Que signifie pour vous de remporter le prix du Trophée des Marocains du Monde dans la catégorie « Recherche Scientifique » ?
Samira Fafi-Kremer : Recevoir le Trophée des Marocains du Monde dans la thématique « Recherche scientifique » délivré par un jury marocain aussi prestigieux est pour moi la plus belle des récompenses. Je l’ai ressenti comme une sorte de reconnaissance par mon pays de tous les efforts que j’ai réalisé depuis mon départ du Maroc, et cela vous pousse à aller encore plus loin.
FH2MRE : Vous êtes membre de la Fondation Marocaine pour la Science, l’Innovation et la recherche avancées (MAScIR), comment voyez-vous l’avenir de cette Fondation ?
Samira Fafi-Kremer : La Fondation MASCIR est une pépite marocaine qui depuis sa création en 2007 ne cesse de démontrer ses capacités de création et d’innovation dans tous les domaines avec des projets complétement en phase avec la mutation industrielle de notre pays. Je suis très honorée de faire partie du conseil scientifique d’une telle structure dont la vocation est de participer activement au développement industriel de notre pays.
FH2MRE : Vous étiez nommée chevalier de la Légion d’honneur par le président français, que représente pour vous cette nomination ?
Samira Fafi-Kremer : La médaille de chevalier de l’ordre de la légion d’honneur est la plus haute distinction française. Pour moi c’est une grande fierté et une reconnaissance par mon pays d’accueil, la France, de tous les efforts que nous avons fourni avec mon équipe depuis le début de la pandémie COVID-19. C’est aussi une consécration pour ma carrière de virologue et une fierté pour ma famille qui m’a toujours soutenue.
FH2MRE : Quel message donnez-vous aux jeunes marocains ambitieux ?
Samira Fafi-Kremer : Tout est possible si on y met la volonté, le travail et la persévérance. Il faut croire en soi et croire en ses rêves. Je dois rajouter que notre culture marocaine est une richesse inestimable dont on doit être fières car elle nous donne cette capacité de s’adapter à toutes les situations et à dépasser toutes les difficultés.