Samia Tawil, chanteuse genevoise de rock et de soul. Née en suisse d’un père syrien et d’une mère marocaine, elle incarne le charme de l’orient et la liberté de l’occident. Samia écrit et chante ses chansons avec naturel mais surtout avec engagement. Elle se produira prochainement sur la scène du festival Mawazine rythmes du Monde 2014.
Entretien avec Samia Tawil
La Fondation : Comment vivez-vous votre appartenance à plusieurs cultures ?
Samia Tawil : Mon appartenance à plusieurs cultures m’est très chère et je la vis comme un plus très enrichissant depuis ma plus tendre enfance. Je pense que le fait d’avoir grandi en Suisse avec une mère marocaine et un père syrien, eux-mêmes de familles très cosmopolites, m’a permis de me sentir très jeune comme une citoyenne du monde à part entière. Je n’ai jamais ressenti de déracinement, ou eu le sentiment d’être « de nulle part ». Je me sens plutôt de partout et pleinement. De plus, j’ai aussi vécu au Maroc entre l’âge de 5 et 7 ans, ce qui m’a permis de connaître le Maroc d’une manière plus profonde, d’y vivre la vie de tout enfant marocain, et de m’y sentir chez moi autant qu’en Suisse. Cela m’a laissé des souvenirs très forts et même si j’y suis revenue régulièrement afin de rendre visite à ma famille, j’ai plus tard ressenti le besoin de revenir y vivre quelque temps, et à la fin du lycée, je suis donc retournée passer quelques mois à Rabat où j’ai travaillé en tant que volontaire dans un orphelinat de la Médina, ce qui était une expérience bouleversante.
La Fondation : Artiste mais également enseignante de philosophie, comment créez-vous cet équilibre?
Samia Tawil : Je pense que ces deux mondes sont tout à fait compatibles et même interdépendants. En effet, pour moi, l’art, tout comme la philosophie, est un véhicule permettant de transmettre des idées profondes, et n’est pas dissociable de son sens et de son message. De plus, les thèmes qui me sont chers en philosophie sont aussi récurrents dans les textes de mes chansons; il n’y a donc aucune dichotomie entre ces deux disciplines dans ma vie. Il s’agit simplement de deux langages différents; l’un plus médité, tramé, et l’autre plus immédiat, plus instinctif, mais tous deux visant un même message.
La Fondation : Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Samia Tawil : Dans mon récent album « Freedom is now », la plupart des chansons tendent à rendre compte de certaines injustices sociales dont j’ai pu témoigner, que ce soit en vivant au Maroc, au Brésil, ou encore à Beyrouth. En effet, j’ai parfois été choquée et émue par certaines situations qui m’ont poussée à vouloir sensibiliser le public à certaines causes parfois méconnues. Par ailleurs, au moment d’écrire cet album, le monde était dans un bouillonnement de part les soulèvements du Printemps Arabe, le mouvement des indignés. Je baignais dans l’énergie de cette dynamique. C’est donc aussi pour faire écho à cette quête de liberté émotionnelle et sociale que j’ai intitulé mon album « Freedom is now ». Par ailleurs, certaines de mes compositions sont des chansons sentimentales et personnelles, des cris du cœur, mais qui tendent, elles aussi, à une forme de libération émotionnelle.
La Fondation : Vous participez au Festival Mawazine 2014, que représente pour vous ce retour au pays d’origine ?
Samia Tawil : C’est avec beaucoup d’émotion et de joie que j’ai accepté l’invitation à venir me produire sur la scène du Mawazine. C’est un véritable honneur et un bonheur immense d’enfin venir partager ma musique dans mon pays d’origine, et dans la ville dans laquelle j’ai passé une partie de mon enfance. Je me réjouis de cette rencontre avec le public marocain.