En essayant de faire de sa passion son métier, il a créé sa marque qui célèbre ses origines marocaines. Kamal a réussi à combiner entre la splendeur de l’héritage marocain et les caractéristiques du luxe et à promouvoir la culture marocaine à l’échelle internationale.
FH2mre : Quel est votre parcours ?
Kamal Jahid : En 2008, j’ai décroché une licence en économie et gestion des entreprises, à l’université Mohamed V, Agdal à Rabat. Je suis parti en Pologne pour faire un stage en Marketing dans une multinationale à Varsovie. J’y suis resté 6 mois. Ensuite, je suis rentré au Maroc pour faire un Master en marketing stratégiques, toujours à l’université de Mohamed V.
Fh2mre : Quand est-ce qu’avez -vous commencé votre parcours entrepreneurial ?
Kamal Jahid : Après avoir décroché mon master en 2011, je suis parti à Berlin, pour travailler dans une startup qui créait des applications pour mobile. Au bout de quelques mois, j’ai su que ce n’était pas pour moi, j’ai donc quitté mon travail et je suis revenu en Pologne où j’ai été vraiment heureux. En 2012, un homme d’affaires m’a demandé de le relooker. Après avoir travaillé avec lui, il m’a recommandé à des collègues, j’ai décidé par la suite de poursuivre cette nouvelle activité de relooking. Puis, j’ai lancé une marque d’accessoires pour homme. En 2017, j’ai lancé ma marque spécialisée dans la maroquinerie de luxe.
Fh2mre : Quels sont les principaux challenges auxquels vous avez fait face ?
Kamal Jahid : Quand j’ai lancé ma toute première entreprise en ligne (Du Maroc, en 2007), j’avais du mal à offrir mes services à l’étranger (En France surtout) parce que il n’y avait aucun moyen d’accepter les paiements en ligne, alors que j’avais beaucoup de clients qui voulaient mes services. C’était trop frustrant. Je voulais aussi acheter des noms de domaines pour créer des sites, mais c’était presque impossible. Je me rappelle que je devais envoyer l’argent par mandat à un de mes potes en France, et c’est lui qui s’en occupait après. C’était trop compliqué. Sur le plan personnel, surtout après la crise des réfugiés en 2015 en Europe, j’ai remarqué une monté fulgurante de ce que j’appelle le “micro-racisme”, ou micro-agression, cela m’a plutôt encouragé davantage à mieux représenter mon pays en tant que Marocain résidant à l’étranger.
FH2mre : Comment vous est venue l’idée de lancer votre marque ?
Kamal Jahid : En 2016, en faisant une escale à Paris, un homme d’affaires m’a proposé d’acheter le sac que mon grand-père m’avait offert en 2008, à 1000€. J’ai compris à quel point l’artisanat marocain s’intègre dans les contextes internationaux, j’ai donc décidé de partager l’artisanat du cuir marocain, avec le monde entier en créant une marque qui répond aux normes internationales du marché de Luxe.
Fh2mre : Comment avez-vous réussi à combiner entre l’héritage et le luxe dans une seule marque ?
Kamal Jahid : Dans la création de valeur que fait une marque de luxe, l’artisan a une partie, qui est primordiale, mais elle n’est pas suffisante. Le luxe, c’est le retour au produit d’hier, c’est-à-dire, les produits fait-mains. Si l’artisan sort un sac, il peut le vendre à 25€, 50€ même 100€. Pour arriver à 500€ ou 1000€, il faut une marque de luxe qui offre des produits en cuir de très haute qualité en combinant des matériaux nobles, et de luxe, destinés à la durabilité tout en faisant la promotion du savoir-faire artisanal marocain.
Fh2mre : Que représente le patrimoine marocain pour vous ?
Kamal Jahid : Le patrimoine marocain représente ce lien intime qui me lie avec mon pays. L’héritage marocain, c’est ce qui me donne la force et le courage de dire que je suis marocain, et fier de l’être. Je ne cache jamais mes origines parce que j’ai peur d’être jugé — jamais. Enfin, l’héritage marocain c’est ce qui me permet de garder mon identité intacte même si ça fait maintenant 15 ans que je vis à l’étranger.