Hayat Chaoui, fille de migrants marocains, a reçu sa première formation musicale auprès des chorales des radiodiffusions hessoises, pour suivre, par la suite, des cours de choriste à l’Université Johannes Gutenberg à Mayence où elle étudiait le français et l’anglais. Remarquant sa belle voix, le professeur Barbara Schlick l’invite à étudier le chant à l’Ecole Supérieure de Musique de Cologne, où elle a obtenu plusieurs diplômes. La boursière de la Fédération Richard Wagner a remporté le 1er Prix lors de « Jugend musiziert » avec ses ensembles (chorales) ACHTung Vokal et Cantosphäre et le 2ème Prix lors du Concours Allemand de Chorales 2010.
Depuis 2008, elle est chanteuse dans la formation de jazz Ufermann, active mondialement, qui met l’accent sur le dialogue inter-religieux et interculturel. La même année, elle a créé le groupe musical Salon-Ensemble O là là. Par ailleurs, elle a interprété, en tant que chanteuse invitée, le rôle principal des opéras sur les scènes de Wuppertal. Depuis 2011, elle est membre du réseau des compétences germano-marocain (DMK).
La Fondation : Vous êtes d’origine marocaine et vous êtes née en Allemagne, quels rapports avez-vous avec ces deux pays ?
Hayat Chaoui : Je suis née à Francfort en Allemagne, fille aînée, j’ai une sœur et un frère. Mes parents sont d’origine casablancaise. La première langue que j’ai appris c’était la darija. Alors pour moi elle restera toujours ma langue maternelle, mes racines. L’Allemagne, c’est aussi mon pays, c’est là où j’ai grandi et c’est là où une grande partie de ma socialisation a eu lieu. Le Maroc, c’est mon berceau et l’Allemagne, c’est chez moi.
La Fondation : Comment Hayat a découvert son talent de chanteuse ?
Hayat Chaoui : Ce n’est pas moi qui ai découvert le chant mais c’est le chant qui m’a découverte. Bien que personne de ma famille ne soit musicien ou chanteur, la musique a toujours été présente dans notre vie quotidienne et surtout pendant les fêtes, le chant animait nos soirées amicales. J’ai eu la chance d’avoir un père pédagogue qui nous a appris à chanter des mélodies arabes et françaises. Une chose qui a animé ma curiosité à découvrir ce monde artistique et magique. Le hasard a aussi joué son rôle, sans que mes parents interviennent dans le choix du collège ou du lycée, mon parcours scolaire a été couronné par un encadrement musical, jusqu’à ce que j’ai rencontré la professeur Barbara Schlick qui m’a ouvert la voie vers une carrière professionnelle en tant que chanteuse d’opéra.
La Fondation : La création quand on est marocain à l’étranger est-ce quelque chose de spécifique ?
Hayat Chaoui : Qu’est-ce que c’est l’étranger pour moi? Le Maroc, c’est mon berceau et l’Allemagne, c’est chez moi.
La Fondation : Comment une femme artiste maroco-allemande vit-elle ?
Hayat Chaoui : Comme toutes les femmes je crois. En tant qu’allemande d’origine marocaine je peux bien profiter du bagage musical arabe et bénéficier des avantages que m’apportent les deux cultures. J’essaie de chercher à combiner l’aspect oriental avec mon répertoire occidental classique, chose réalisée avec mon Salon-Ensemble O là là dans son nouveau programme « Orient-Expresso » et aussi avec la Formation jazz Ufermann dans le dernier album « Salam ».
La Fondation : Votre album « Salam » sorti récemment est marqué par vos origines, quel est le message que vous voulez transmettre ?
Hayat Chaoui : Il y a plusieurs choses dans le monde qui nous séparent, les langues, les cultures, les frontières…La Formation de jazz Ufermann est une rencontre spirituelle et culturelle d’artistes d’origines diverses. La Formation incite à l’échange et met l’accent sur le discours des esprits, par le biais de la musique, le théâtre, la poésie et la danse. « Salam » est le nouveau bébé du groupe dont la grande partie a été inspirée du chant et la poésie arabe. C’est un cocktail arabe, allemand, portugais et anglais que je dédie à toutes les personnes qui m’ont encouragée à travers mon parcours, à ma famille, mes amis et à toutes les personnes qui partagent notre passion.