Entretien avec Kaltoum Dakhouch, universitaire et membre de la Rabita Mohammadia des Oulémas, elle participe aux activités religieuses proposées aux marocaines qui résident en Allemagne.
La Fondation : Quelles sont les activités que vous proposez dans les pays d’accueil ?
Kaltoum Dakhouch : Les activités proposées pour les femmes sont : des conférences autour des sujets qui intéressent la femme et la famille. Des rencontres ouvertes avec des femmes pour les écouter et répondre à leurs questions qui sont d’ordre religieux ou concernent leurs vies dans les pays d’accueil et la manière de s’intégrer dans leur société tout en préservant l’identité religieuse et nationale et représenter convenablement l’Islam et le Maroc. Des rencontres ouvertes sont également organisées avec les jeunes femmes et les enfants qui fréquentent les mosquées notamment ceux qui poursuivent les cours proposés par ces mosquées, et le but de ces rencontres est toujours d’écouter leurs problèmes et répondre à leurs questions sur la religion dans la vie quotidienne en Allemagne. Nous essayons à travers nos interventions de les conseiller pour renforcer leurs liens avec la religion musulmane et leur pays le Maroc quand il s’agit de Marocaines car d’autres participantes musulmanes assistent à ces rencontres et qui sont issues de plusieurs pays comme la Turquie, la Syrie, l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, la Somalie…. Par ailleurs, nous partageons le repas du Iftar en compagnie de plusieurs femmes dans les mosquées où ailleurs et c’est l’occasion d’évoquer plusieurs sujets.
La Fondation : Comment décrirez-vous la participation de la femme à ces activités ?
Kaltoum Dakhouch : Même si la participation de la femme migrante aux activités est importante, elle est confrontée à plusieurs contraintes. En dépit des efforts déployés pour informer de notre présence dans les mosquées, la présence des femmes reste insuffisante car nous nous attendions à plus de personnes. Ceci s’explique par l’heure fixée pour ces rencontres et qui coïncide des fois avec les heures de travail. Nous avons remarqué que les responsables des mosquées n’accordent pas beaucoup d’importance aux activités destinées aux femmes. D’autres remarques peuvent être mentionnées notamment le manque de coordination entre les hommes et les femmes, des fois nous sommes invitées par les responsables des mosquées, puis on nous dit que les femmes n’ont été informées que peu de temps avant ce qui ne leur laissent pas beaucoup de temps pour programmer leur participation aux activités.
Pour les rencontres du soir qui connaissent une bonne présence du public puisqu’elles coïncident avec la prière de « tarawih », le temps consacré à ces rencontres est insuffisant et ne dépasse pas dix minutes. Il est important de mentionner que ces contraintes sont d’ordre général, nous avons vécu des situations où une bonne coordination a été établie entre les responsables des mosquées et où une bonne préparation a été consacrée aux activités programmées pour les femmes. Certains Imams nous ont accordé plus de temps pour les rencontres du soir. Mais ce sont des exceptions, je pense que certains responsables de mosquées n’ont pas encore l’habitude d’avoir des femmes qui participent à l’encadrement des activités religieuses.
La Fondation : Quels sont les thèmes qui intéressent la communauté marocaine ?
Kaltoum Dakhouch : Nous avons constaté plusieurs préoccupations de la part de la communauté marocaine, notamment celles qui concernent la famille et la manière d’éduquer les enfants dans les pays d’accueil et de tisser des liens entre eux et le Maroc. Nous avons remarqué dans ce cadre que des jeunes n’envisagent plus de passer leurs vacances au Maroc. Cette catégorie reste restreinte en comparaison avec les autres catégories qui restent très liées à leur pays d’origine. Par ailleurs, les femmes s’intéressent à la jurisprudence et posent des questions d’une part, sur la relation entre les religions et d’autre part, sur la relation entre «Ahl al-Sunnah » le chiisme et le Ahmadisme…questions posées généralement par leurs enfants.